Comment saisir l’ampleur et la richesse de l’histoire d’une ville comme Bordeaux en quelques lignes ? Elle qui a façonné et qui symbolise encore le cœur de l’Aquitaine ?
Burdigala est née à la croisée de deux grands chemins : celui qui unit les plaines du Nord à l’Espagne et celui de l’ « isthme gaulois », passage le plus court entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. L’installation d’un port celtique au IIIème siècle avant J.C donne au simple établissement humain qu’était Burdigala, le statut de ville-marché. Le sol riche en étain, indispensable à la production du bronze, en fait un lieu de négoce privilégié.
Les romains s’y installent en 56 av. JC et, avec eux, arrive la Biturca, premier cépage du bordelais. Dès le IIIème siècle ap. J.C, Burdigala devient la capitale de la province d’Aquitaine. Elle jouit alors à la fois du prestige dévolu à une capitale provinciale et à une grande ville universitaire dont le succès du poète romain Ausone est l’illustration. Entre l’invasion des Vandales et des Wisigoth au début du Vème siècle, la ville périclite en même temps que le christianisme s’installe profondément. Il faut attendre le XIème siècle et l’explosion de la démographie pour que la ville renaisse. Bordeaux voit affluer les émigrants des campagnes, laboureurs, artisans, marchands, qui s’installent en dehors du castrum, créant des bourgs nouveaux. Bordeaux est alors placée sous l’autorité anglaise jusqu’en 1453, par le mariage d’Aliénor, héritière du duché d’Aquitaine, avec Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre. Le vignoble bordelais, maintenu aux temps des Mérovingiens comme vignoble d’église reprend vigueur comme vignoble monastique et épiscopale, et c’est l’union du duché d’Aquitaine à la couronne d’Angleterre qui favorise l’essor du commerce vinicole.
En 1453, lorsque Charles VII reprend la ville, Bordeaux est devenue une véritable « métropole ». Les rois de France qui se succèdent tentent de reprendre en main la ville. Bordeaux se trouve privée de son autonomie communale et voit construire le fort du Hâ et le château Trompette, symboles de la domination royale sur la ville. La création du Parlement de Bordeaux, en 1462, permet toutefois à la ville d’influer sur sa périphérie. Elle devient, à la même époque, un des plus grands ports d’Occident. Pendant les guerres de religion, la ville est, à l’instar de Paris, un bastion du catholicisme et un pilier de la contre réforme, ce qui explique l’implantation des jésuites et des congrégations féminines en son sein. Également foyer artistique actif, Bordeaux a été un centre de l’humanisme ; des auteurs comme La Boetie, Montaigne, et Pierre le Brach en sont le symbole. Le XVIIIème siècle est une période décisive qui lui assure richesse et beauté.
Avec la fondation de la Chambre de Commerce, Bordeaux devient vite le premier port de France. Commerçant avec l’Europe du Nord, les Amériques, les Iles, on y importe et distribue les denrées coloniales. Cet essor économique s’accompagne d’un essor démographique et intellectuel. C’est l’époque où Montesquieu écrit l’esprit des lois. La morphologie de la ville change et s’embellit sous l’impulsion de l’intendant Tourny et Richelieu. Ce dernier fait construire le Grand Théâtre, le plus grand et le plus moderne de l’époque. À la fin du XVIIIème, Bordeaux est une des plus belles et des plus riches villes de France, qui attire pour son cadre de vie et pour sa richesse intellectuelle.